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Six années après la deuxième version de l’Audi S4, la marque allemande décida de lancer une troisième génération qui s’appela logiquement S4 B6. Alors même, que la version précédente avait quitté le V8 qu’avait initié la S4 B4, la S4 B6 renoua avec ce montre tout en déployant une puissance phénoménale. Rien que grâce à ça, cette Audi méritait bien toute l’attention qu’on pouvait lui accorder.

D’autant que, comme toutes les bonnes choses de la vie, le temps eut raison de son look. Tout ce qui est resté, c’était bien sa motorisation. A-t-elle pu aussi tenu à l’épreuve du temps près d’une douzaine d’années après la première édition ? Décryptage dans les lignes qui suivent.

Un design entre le passé et le présent

En 2003, lorsque l’Audi S4 B6 sortit des usines de la marque aux anneaux, elle arborait ce qu’on pourrait appeler un look d’enfer. Bien que la construction d’ensemble ait beaucoup plus à avoir avec la version B5 que tout autre chose, il se dégageait de l’Audi S4 B6 une certaine personnalité.

La calandre est bien loin de ce qui se fait aujourd’hui. Même les phares n’avaient pas cet air affûté qu’on connait aux Audi S modernes, mais les lignes étaient bien construites. En plus, c’était déjà à l’époque des phares xénon. Que ce soit la vue de biais ou la vue de profil, la finition ne semblait souffrir d’aucun défaut majeur. En coupé comme en cabriolet, l’Audi S4 B6 avait de l’allure.

Quant au choix des couleurs, il y avait du choix entre le gris, le jaune Imola, le rouge Brillant, le bleu Nogaro ou encore le vert Goodwood. Tout ce qu’il fallait pour rappeler à ses voisins que vous ne roulez pas dans une voiture pas comme les autres.

On était aussi bien loin des jantes au design impressionnant, mais c’était des 18 pouces et c’était ce qui importait le plus. Dans l’ensemble, on ressentait la rigueur allemande, mais l’harmonie y était. C’était une belle voiture sans être une bombe. Une réserve qu’on regrette quand même un peu surtout à l’intérieur.

Un habitacle bien trop sage

C’est sans surprise qu’on s’installe à bord de cette voiture. La qualité de l’assemblage est un fait. C’est d’ailleurs grâce à elle que la voiture porte aussi bien les années. Ne vous attendez à rien d’extravagant, si ce n’est l’éternelle sellerie mixte en cuir et alcantara des sièges Recaro. Pour la touche de fantaisie, vous aurez le choix entre le noir et le gris. Mais, on est bien loin des sièges à surpiqures tape-à-œil des Audi S actuelles. En fait, s’il n’y avait pas le logo S sur les sièges, on se serait cru dans une banale berline.

Au moins dans une berline, l’espace est la règle. Dans le cas de notre S4 B6, à part les places avant qui semblent laisser respirer puisqu’elles sont à réglage électrique, les places arrière, elles, n’ont rien d’enchanteur. L’espace aux jambes est foncièrement ridicule. 

Le tableau de bord aura quand même l’avantage d’être très bien construit avec des placages en carbone. L’assemblage a été fait avec un soin particulier. Le souci du détail en est presque sidérant et on reconnait très aisément la touche d’Audi. C’est ce qui fait que plus d’une dizaine d’années plus tard, l’ambiance dans cette voiture ne vous donnera pas l’impression d’être dans une occasion. Il faudra tout de même vous faire à l’idée de vous passer de l’armada technologique récente. Pas de Virtual Cockpit ni d’écran de bord hi-tech.
En fait, c’est sous le moteur de cette Audi que tout se passe.

Un retour au V8 plutôt réussi

Comme on le disait plus haut, après avoir tenté l’expérience du V6 avec l’Audi S4 B5, Audi est revenu à ses vieux amours. C’est donc un bouillant moteur 4.2 V8 atmosphérique de 344 chevaux à 7.000 tr/min qu’on retrouve sous le capot. Il distribue un couple de 410 Nm à 3.500 tr/min aux essieux grâce à une boite à vitesse manuelle à 6 rapports. Mais que serait une Audi S sans une boite automatique pour pimenter l’ensemble ? A ce propos, une magnifique boite Tiptronic à 8 rapports est disponible en option. Sa douceur et sa régularité sont hallucinantes, mais ça ne veut pas dire que la boite manuelle démérite non plus.

Pour une vitesse maximale de 250 km/h, l’accélération de 0 à 100 se fait en 5.6 secondes. L’Audi S4 B6 paie cette performance au prix fort. 9.8 0 19.4 L/100 km en conduite mixte et à mesure que les kilomètres évoluent, ça n’a pas l’air de s’arranger. L’émission de CO², quant à elle est, de 321 g/km.  Le V8 brille peut être par sa puissance, mais c’est aussi un moteur très gourmand et pas seulement. Sa fiabilité en dit long sur elle.

Une fiabilité mise à mal

Comme tous les modèles avant elle, l’Audi S4 B6 n’échappe pas aux problèmes de fiabilité et pour le peu qu’on puisse en dire, les choses ne semblent pas aller dans le bon sens. En effet, la fiabilité de l’Audi S4 B6 est mise à mal sur bien des plans.

On ne saurait dire avec clarté la raison pour laquelle cette voiture subit une surconsommation d’huile, mais qu’il s’agisse d’un V8 a beaucoup à y avoir. Le problème n’est pas nouveau, mais ce n’est pas pour autant qu’il est agréable à vivre. 1 litre tous les 1000 km, ce n’est pas de la tarte. Mais il faut rappeler que le 4.2 est un moteur à usage spécifique. Un mauvais ménagement pourrait être à la base de ce problème.

On l’a dit, le V8 est un moteur spécial. Avec la chaleur qu’il peut dégager, il vaut mieux privilégier la vidange annuelle tous les 15.000 km plutôt que la vidange tous les deux ans. D’ailleurs, en parlant de vidange, Avis aux férues de boite automatique Tiptonic à 8 rapports. Vous feriez mieux de se préparer à faire régulièrement la vidange, de préférence dans un garage compétent à partir de 100.000 km. Puis, il faudra que ça soit tous les 30.000 km si vous souhaitez la garder aussi performante.

Les modèles de 2003 présentent le problème spécifique de défaillance des bobines d’allumage à cause du moulin. On regrette beaucoup qu’Audi ne prenne pas en charge ce problème, surtout quand il faut changer les 8 bobines à chaque fois.

Ce n’est d’ailleurs pas la seule chose qui n’est pas prise en charge. Aux problèmes de bobines, il faut ajouter la détérioration des galets tendeurs et de la chaine de distribution. Apparemment, ils supportent mal les 130.000 km. La seule solution est de changer la chaine.

Les problèmes de sonde de température à eau ont aussi été enregistrés. En effet, à partir de 90, l’aiguille reste bloquée ou fait carrément des siennes. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une pièce particulièrement onéreuse à changer, environs 30€, on s’en serait bien passé.

Si le ronronnement du moteur est ce qui vous rappelle que vous êtes dans une sportive pure et dure, avec l’Audi S4 B6, c’est à un tout autre concert que vous aurez droit. Au cours des premières secondes de mis en marche, le bruit du moteur se mêle au bruit d’engrenage. La raison ? Des problèmes liés au déphaseur d’arbre à cames qu’il faut bien entendu aussi changer et tout ça ne sert qu’à grossir la facture.

Pour clore le chapitre de cette longue liste, les optiques de l’Audi S4 B6 prennent souvent de la buée.  Ce qui peut s’avérer dangereux en conduite nocturne. Vous aurez beau les nettoyer (le nettoyeur haute pression est à proscrire dans ce cas), il n’y a qu’en les changeant que vous viendrez à bout du problème.

Bilan

Quand vous faites la somme des changements à faire sur cette Audi, c’est vrai que l’option d’une reprise d’occasion semble de moins en moins alléchante. Pourtant, il y a tant de détails qui en font une voiture à avoir notamment son puissant 4.2 V8 de 344 chevaux. C’est d’ailleurs l’une des raisons les plus importantes, car si vous devez vous fier en plus à son style vieillissant par rapport à ce qui se fait aujourd’hui, seuls quelques-uns se donneront encore une raison de se lancer dans cette aventure.  Mais, le jeu en vaut quand même la chandelle.

En complément à cette fiche occasion spécifique sur la S4 B6, je vous invite à consulter cet article indispensable avant tout achat: Audi occasion: le guide pour bien choisir.

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