L’Allemagne de la fin du 19ème siècle était une mine d’hommes qualifiés en ingénierie et pétris d’ambitions les plus folles. L’engouement pour la création d’entreprises était devenu fiévreux. C’est dans cette atmosphère que fut bâtie l’une des toutes premières entreprises d’automobiles allemandes : la Neckarsulm Strickmaschinen Union ou NSU. En dépit de son parcours des plus enrichissants, elle ne résista pas à la succession de drames et de crises qui l’emportera malheureusement vers la faillite.
NSU et ses débuts improbables
Tout commença à Reidlingen en 1873. Deux amis de longue date et mécaniciens de formation, Christian Schmidt et Heinrich Stoll s’associent pour créer une entreprise de fabrication de machines à tricoter qui malheureusement peine à prendre son envol. Face à l’impasse, ils décidèrent diversifier les activités de production. La première étape de ce nouveau départ fut la délocalisation de l’usine vers Neckarsulm en 1886 et le nom de l’entreprise mua en Neckarsulm Strickmaschinen Union (NSU). En plus des machines à tricoter, la NSU s’investit parallèlement dans la fabrication de bicyclettes.
En ces temps-là, la mécanique automobile était en pleine essor. L’expérience de Benz qui avait lancé son tricycle quelques années plus tôt et de Daimler, le roi du moteur dans le temps, qui faisait ses marques dans le monde de l’automobile, courtisé par les plus grands comme Peugeot donna des ailes aux deux amis. En 1888, c’est chez NSU que Daimler et Peugeot se procuraient des châssis pour leurs voitures. Le succès des bicyclettes NSU était tel qu’en 1892, la société dut abandonner définitivement les machines à tricoter. Fort des ambitions des deux hommes, NSU commença la production de motocyclettes à partir de 1901 au point de développer leur propre atelier de production de moteur autrefois gérer par Zedel.
Les premiers pas vers l’automobile
En 1905, sous licence de PIPE, les deux premières automobiles sortirent de l’usine de Neckarsulm. Avec leurs moteurs 4 cylindres à 28 et 50 chevaux et leur embrayage magnétique inspiré de l’ingéniosité du pilote de Mercedes Camille Jenatzy, ces voitures étaient parmi les plus performantes de l’époque. Malheureusement, cela ne pas suffit à en faire des best-sellers car si elles étaient puissantes, elles étaient chères et consommaient beaucoup.
NSU dut revoir ses ambitions à la baisse et en 1906, deux modèles plus petits qui empruntaient beaucoup à leur aîné : la 6/10 et de la 15/24 PS. Mais là encore, les deux voitures, en dépit de leurs performances, montrent un problème de fonctionnement : l’inertie du mécanisme à soupapes obliques en raison de sa complexité. Ce énième échec obligeait la firme à remettre davantage en question son système de soupape. C’est seulement en 1907 que la NSU tenta de nouveau l’aventure automobile avec 3 modèles qui, totalement différents de leurs prédécesseurs, conservèrent le moteur 4 cylindres: la 8/15, la 6/12 et la 10/20 PS. Les soupapes obliques cédèrent la place à des bilatérales et l’embrayage était à disque. Après cette révélation, NSU n’eut de cesse les années suivantes de mettre à l’épreuve ses voitures. Pour faire davantage parler d’elle, NSU fit participer sa 10/20 PS aux éditions 1908 et 1909 de la Prinz Heinrich Fahrt. Comme si cela ne suffisait pas, en 1909, elle envoya sur les pistes d’un marathon reliant l’Allemagne et l’Autriche sur 1.800 km trois de ses modèles qui finirent la course.
NSU 4 cylindres : le temps des grandes prouesses
Avec l’enchaînement des succès, NSU ne perdit plus de temps et, la même année, elle lançait deux nouveaux modèles de 2 et 4 cylindres de 1100 Cm3 et une boîte à vitesse à 3 rapports compléta le tableau. Changement de ton pour les soupapes ; désormais latérales, elles possèdent un refroidissement à thermo siphon et un graissage à circulation forcée. Finalement, la voiture 4 cylindres remporta plus de plébiscite au grand dam de sa co-challenger et marqua l’histoire des petites voitures d’un sceau d’argent. Pour mieux tenir à l’enchainement des sorties de ces petites voitures, NSU dut agrandir ses installations dès 1910. A partir de ce moment, plus rien n’arrêta son génie créateur. Après la confection en 1912 de la NSU 8/24 PS, la firme se tourna en pleine première guerre mondiale, l’espace de quelques années vers la production de camions pour finalement revenir en 1920 aux petites voitures. Avec un marché fragilisé par la guerre, mais somme toute demandeuse d’autos, les petites voitures étaient le bon compromis pour rester dans la course. Dès lors, les modèles 4 cylindres, à l’honneur à l’époque, se suivirent tous aussi robustes qu’innovantes avec éclairage et démarreur électriques. L’histoire retint:
Les NSU 5/20 PS et 14/40 PS moteur 1.3L ;
La NSU 8/24 PS 2L;
La NSU 3L
Quelque peu absente du domaine sportif jusque-là, c’est avec des modèles de sport qu’elle marqua donc sa présence à plusieurs tournois nationaux notamment au tournoi de Berlin dans ses éditons de 1921 et 1922. Ces voitures devaient leur distinction au montage de leurs soupapes latérales sur des châssis très léger qui en faisait des voitures plus robustes que rapides. Le goût pour les voitures de sport se matérialisa par:
La NSU sport 4 cylindres 1.3L avec sa puissance de 30 chevaux, doté d’un compresseur Roots extenseur de puissance à 40 chevaux, qui lui faisait dévaler les pistes du Circuit de l’Avus de 1923 et 1924 ;
Les 4 NSU 6/60 Kompressor Rennwagen course 6 cylindres de 1.5L, 60 chevaux à 4000 tr/min qui participèrent au Grand prix d’Allemagne
La NSU GP METAL 43 (1926)
NSU se lança dans la construction d’une nouvelle usine à Heilsbronn en 1926. Alors que la firme pensait trouver dans sa fusion avec le constructeur d’automobiles et de carrosserie Schebera un moyen de s’agrandir, elle dut plutôt faire face à une instabilité financière qui mit un frein à la production du modèle 6 cylindres 30 chevaux alors même qu’il en existait un prototype. Finalement, c’est deux ans plus tard que le marché de l’automobile put la découvrir. Qui aurait cru qu’avec un aussi grand succès d’époque, NSU tournerait aussi radicalement le dos à la production automobile dès 1929 ?
Le retour de la motocyclette
La firme s’attaque de nouveau à la production de motocyclette. Elle travailla dans un premier temps avec la Wanderer Werke A.G en 1929. 3 ans plus tard, c’est pour la Deutsche-werke qu’elle fabriqua des motos. Avec la 2nde guerre mondiale, NSU proposa des motos d’un autre genre. L’une des plus célèbres motos cheville militaire tout terrain était la NSU HK 101 Kettenkrad Halftraked commercialisée entre 1940 et 1949. En 1949, l’après-guerre révéla la version civile de cette moto connu sous le nom de NSU Renard en version 2 et 4 temps. A la Renard, succéda la NSU Max 250cc dotée d’une unité de suspension arrière centrale et d’un cadre monocoque en acier. Avec de pareilles furies, NSU put décrocher 4 records du monde vitesse de 1951 à 1955. Grâce à toutes ses prouesses, dès 1955 jusqu’en 1968, NSU était sur toutes les lèvres en tant que plus grand producteur de moto au monde.
NSU printz : les premières amours ne s’oublient pas
Comme pour marquer son départ de la production automobile en 1929, NSU fit travailler en 1939 un ingénieur de renom, Ferdinand Porsche, sur un prototype expérimental, l’ancêtre de la première coccinelle Volkswagen (la voiture du peuple). 20 ans plus tard, NSU revient à l’automobile en 1957 avec le modèle Printz. La première série était de composé de modèles à moteur arrière transversal de 2 cylindres refroidi par air de 600 cc et à 2 soupapes obliques est inspiré de celui de la moto NSU Max. Tout ça était assorti d’une boîte à rapport de 4 rapports. On lui connut plusieurs modèles dont:
la Printz 1 et 2 de 20 chevaux chacun,
la Printz 3, 23 chevaux
la Printz 4, 30 chevaux
la Printz Sport, 30 chevaux, vitesse maximale 130 km/h
La deuxième série Printz comportait des moteurs de 4 cylindres refroidis par air dont les modèles sont :
La Printz 1000, 43 chevaux (1964)
La Printz 110, moteur 1.1L, 53 chevaux (1965)
La Printz TT, 53 chevaux (1965)
La Printz 1200, moteur 1.2L, 55 chevaux, (1967)
La Printz 1200 TT, moteur 1.2L, 65 chevaux, double carburateur
La Printz 1200 TTS, moteur 1L, 70 chevaux, 160km/h de vitesse maximale (1967)
L’épisode NSU WANKEL : le début de la fin
En 1963, entre 2 séries Printz, la Spider NSU Wankel débarque au Salon international de Francfort en version coupé avec un moteur en position arrière de 500Cm3 pour 50 chevaux à 5500 tr/min et 150 km/h de vitesse maxi. Si à haute régime c’était une turbine, elle manquait de puissance en bas régime. Elle inspira malgré tout en 1967 la NSU Ro 80 gratifié d’un moteur de 1000 Cm3 pour 115 chevaux à 5500 tr/mn et 180 km/h de vitesse maximale. Sa carrosserie plus imposante marque la rupture avec ce à quoi NSU nous avait habitué. C’est sous la direction Volkswagen que vit le jour le K70 de 1974 qui inspira AUDI pour son modèle 80 lorsqu’elle racheta la firme en 1985.
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